Charles Aznavour, l'un des chanteurs français les plus populaires et le plus internationalement connu, de son vrai nom Shahnourh Varinag Aznavourian était en concert en Haïti. Les billets se vendaient entre 100 et $ 250 US dans l'un des pays les plus pauvres de la planète et le pays le plus pauvre de l'Amérique.
Depuis un bon bout de temps on assiste à une montée incessante de quelques slogans discriminatoires et exclusionistes en Haïti genre «Ayiti pa m nan diferan» laissant croire qu'il existe plusieurs «Haïti» En Haïti. Ou une Haïti différente de celle des gens de Cité Soleil, de Grand-Ravine, de la Croix-des-Bossales etc... C'est un slogan dangereux dont beaucoup d'entre nous ignorent la teneur. Oui Charles Aznavour a joué dans l'autre Haïti, celle qui ne souffre pas d'un grand besoin de changement ou celle qui ne souffre pas de besoin de changement tout court.
Ce concert organisé par Big O Productions dont Olivier Martelly, fils de l'ancien président chanteur Michel Joseph Martelly, est le patron, est l'une des plus grandes insultes faites au peuple Haïtien qui ne cesse de patauger dans la misère la plus abjecte. Jusqu'à présent personne ne sait où le fils de l'ancien président nudiste a trouvé tout cet argent pour amener le chanteur de 93 ans, à savoir Charles Aznavour, en Haïti. Personne ne sait non plus où Olivier Martelly a travaillé pendant sa vie. Il n'est un secret pour personne que les fonds PétroCaribe ont été dilapidés par des membres de l'administration du président René Garcia Préval et ceux du président «Sweet Micky». La famille Martelly a été indexée d'avoir dilapidé les fonds des trésors publics dans des programmes comme «Ti-Manman m cheri.» pour ne citer que celui-là. Alors l'origine de la fortune du jeune Olivier est très douteuse voire mystérieuse.
Il y a certains qui étaient au concert de Charles Aznavour grâce à la sueur des ouvriers qu'ils paient 350 gourdes comme salaire journalier. Il y en a aussi qui y étaient avec de l'argent tiré des fonds PetroCaribe. La corruption va bon train dans ce pays. Des gens accusés de crimes financiers circulent en toute liberté dans l'indifférence totale du pouvoir judiciaire. On dirait que ce sont les gens honnêtes qui devraient avoir peur. Ce qui est le plus grave c'est que le Ministère du Tourisme faisait partie des plus grands sponsors de ce concert alors que l'État interdit toute transaction, toute vente, toute affiche en dollars dans le pays. Ce qui nous laisse croire que ce dernier est amarré au pied de la table de l'élite économique. Si on prend en compte les campagnes de Jovenel Moïse qui ont été financées par des membres de la bourgeoisie-sousèt.
Certains éléments de la masse, ignorant ce qu'est l'injustice sociale et sa gravité, sont prêts à traiter de «aigris» tous ceux qui osent remettre en question l'élite économique. Pauvres eux ! D'autres pensent que ce concert va inciter des touristes à entrer dans le pays, n'ayant même pas une salle de spectacle, avec une capitale jonchée d'immondices. Ô ignorance ! Ignorance ! Ils sont aussi ceux qui traitent de «Moun Sal» toutes personnes parlant de chambardement. Mais ce qu'ils ignorent est que tant que l'injustice sociale persiste, le peuple aimera toujours la rue, la mobilisation, les roches, le feu et les pneus enflammés.
Charles Aznavour a joué pour les «Moun pwòp». Oui, il a joué dans l'autre Haïti. Celle des gens à chaussures. Il a joué pour une part des 5% de gens possédant presque toutes les richesses du pays. Charles Aznavour était en concert dans l'autre Haïti. Celle qui n'est pas accessible aux gens pauvres.
Joubert Joseph
Delmas, 30 décembre 2017
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