Les propos absurdes du pasteur Grégory Toussaint, sur la cérémonie du Bois Caïman, lancés dans le cadre de la Croisade évangélique «In Haïti» qui a eu lieu au stade Sylvio Cator n'ont pas laissé indifférents étudiants, intellectuels, vodouisants et d'autres membres de la société civile.
La toile s'est enflammée autour de la question. Quelqu'un vient de cracher sur l'histoire d'Haïti qui a été déjà quelque peu falsifiée par des historiens malhonnêtes. Le pasteur Grégory Toussaint, dans ses envolées discriminatoires à l'encontre du vodou, a déclaré que la Cérémonie du Bois-Caïman, qui a débouché sur la première révolte d'esclaves à Saint-Domingue, fut «l'œuvre du Diable», ce qui implique, ipso facto, que l'esclavage, considéré aujourd'hui comme crime contre l'humanité, est un phénomène divin. Par ses propos vides de tout fondement et dénué de sens, le pasteur se montre non seulement hostile à la LIBERTÉ dont il jouit actuellement mais aussi ignorant on ne peut plus face à l'HISTOIRE d'Haïti, la première république noire du monde. Il a raté une occasion de se taire. Ce pasteur se prend pour historien peut-être ou un homme maîtrisant presque toutes les disciplines scientifiques du monde, ce qui n'est pas étonnant puisque c'est l'attitude de la majorité des pasteurs. Quand on est pasteur, pour cette majorité, on a le droit de se prononcer sur n'importe quel sujet complexe sans aucune gêne. Avec ce livre aussi contradictoire que discriminatoire qu'est La Bible, daté de plus de mille ans, ne prenant pas en compte l' évolution du monde, on peut tout dire comme «tous ceux et toutes celles qui pratiquent la masturbation sont des homosexuels en puissance.», il suffit d'avoir un micro. La majorité des pasteurs pense n'avoir aucune limite et se prend pour sexologue, psychologue, sociologue... Être pasteur, pour cette majorité, c'est avoir le droit d'offrir l'Évangile aux autres avec la plus grande violence, les traiter de «Fils et filles du Diable» quand ils refusent et les considérer comme des «Baka» à flanquer au dehors. Être pasteur, pour cette majorité, c'est avoir le droit de troubler la paix publique, avec un mégaphone par exemple à n'importe quelle heure de la nuit, au nom du Dieu tout puissant.
Plus de 200 ans après l'abolition de l'esclavage en Haïti, il y a encore les séquelles de la colonisation dans le pays. L'Haïtien souffre d'une grande crise d'identité. Il refuse de s'accepter en tant que tel. Tout ce qui lui ressemble est sale. Il a peur de se regarder au miroir. Pour preuve, un certain cardinal haïtien a même eu à déclarer que le vodou est le problème le plus grave entravant le développement du pays. Certains pasteurs et prédicateurs avaient profité du tremblement de terre pour traumatiser des gens en les faisant croire que c'est à cause de trop de crimes surtout relatifs au vodou que le Bon Dieu les a punis. Là on pourrait se demander est-ce qu'Hitler qui a massacré près de 3 000 000 de Juifs était voudouisant et pourquoi un tel séisme dévastateur n'était pas passé en Allemagne ? On pourrait encore se demander est-ce que ce sont des vodouisants qui ont bombardé Nagasaki et Hiroshima ? Et on pourrait se poser tant d'autres questions encore.
À la montée de Facebook certains pasteurs ont clamé haut et fort que c'est la marque de la bête. Aujourd'hui, certains chrétiens l'utilisent pour insulter tous ceux et toutes celles qui ne partagent pas leur opinion et exposer leur ignorance et leur intolérance. Certains d'entre eux ont manifesté leur contentement sur les réseaux sociaux plus particulièrement sur Facebook après la mort du responsable en chef du vodou Max Beauvoir. Il y a quelques jours, ils viennent de refaire la même chose après celle de Rachel Dominique Beauvoir. Aucun souci de tolérance.
Ils vont peut-être traiter l'auteur de ce présent article de «Bizango» de «franc-maçon» ou ils vont peut-être le considérer comme un «Diable» à faire tomber. Mais on est pas obligé d'être un enfant ,par exemple, pour défendre le droit de ces derniers. Tout comme on n'est pas obligé d'être vodouisant pour exiger le respect de leur droit. C'est une question de LIBERTÉ (individuelle) de DIVERGENCE et de TOLÉRANCE.
Joubert Joseph
©Photo : HPN
Commentaires
Publier un commentaire